Crise économique en Bolivie : conséquences du clientélisme
- Admin ALAYA
- 1 juil.
- 4 min de lecture
La Bolivie traverse une période de forte turbulence et une crise économique marquée par une inflation à deux chiffres et un ralentissement de la croissance. Les effets se font sentir sur le pouvoir d’achat des ménages, la stabilité de la monnaie et la confiance des investisseurs. L’économie bolivienne s’est progressivement détériorée en raison de la baisse des exportations de gaz, créant un sévère manque de dollars. Cette pénurie a renchéri le coût des importations, notamment de carburant, et alimenté une forte inflaton. Une dépendance aux revenus pétroliers ou miniers, la corruption et le manque de contre-pouvoirs ont plombé les résultats .

Origines de la crise
La conjoncture mondiale, notamment la hausse des prix des matières premières, a fragilisé les recettes d’exportation boliviennes.
Des dépenses publiques accrues pour soutenir les secteurs vulnérables ont creusé le déficit budgétaire.
La dépendance aux hydrocarbures et aux métaux expose l’économie aux variations brutales des cours internationaux. Bolivie & Venezuela – Deux crises économiques, deux trajectoires
En Bolivie, la hausse des prix et la pénurie de devises ont rouvert le débat sur la diversification hors hydrocarbures. Au Venezuela, l’hyperinflation et la fuite des talents témoignent de l’effondrement d’un modèle pétrolier trop centralisé. Leur point commun ? Un besoin urgent de réformes structurelles pour retrouver stabilité et confiance
Inflation et dépréciation de la monnaie
Entre janvier et juin 2025, l’inflation a dépassé 25 %, érodant le pouvoir d’achat des Boliviens.
La dépréciation du boliviano face au dollar a accentué le coût des importations et des intrants industriels.
Les ménages se tournent vers le dollar et d’autres devises étrangères pour préserver leur épargne.
Impact sur la population et l’emploi
Les prix des produits de première nécessité, en particulier les denrées alimentaires, ont fortement augmenté.
Le taux de chômage a grimpé, passant de 4 % fin 2024 à près de 7 % mi-2025, affectant surtout les jeunes et les travailleurs informels.
Les inégalités sociales se creusent, poussant certaines familles vers des mécanismes d’autoproduction et d’entraide communautaire.

Mesures gouvernementales
La banque centrale a relevé ses taux directeurs pour contrer la hausse des prix, mais cela freine l’investissement privé.Le gouvernement a annoncé des subventions ciblées pour les secteurs agricoles et les petits commerçants.
Un plan de diversification économique est en cours d’élaboration pour réduire la dépendance aux exportations de gaz et de lithium.En Bolivie, l’attribution de logements sociaux et de marchés publics s’est parfois faite au bénéfice de réseaux proches du parti au pouvoir.
Conséquences pour le tourisme et les paiements
Le coût des circuits touristiques a augmenté, les prestataires appliquant des hausses de tarifs pour compenser l’inflation.
Les voyageurs privilégient les paiements en espéces, monnaie étrangére US$ ou en EUR.
Les offres privatives et les circuits hors des sentiers battus attirent les visiteurs à la recherche de stabilité et d’authenticité.
Manque de devises et taux de change parallèle
La Banque centrale maintient un taux fixe de 6,96 Bs pour 1 US$, mais sur le marché parallèle, le dollar s’échange autour de 14-15 Bs. Les importateurs, contraints de se fournir en dollars plus chers, répercutent cette hausse sur les prix finaux, aggravant la crise des biens essentiels.
Fin du “miracle économique bolivien”
Entre 2006 et 2016, la Bolivie avait profité d’une croissance soutenue et d’une faible inflation grâce à la nationalisation des hydrocarbures par Evo Morales (socialisme du 21éme siécle). Les recettes gazières avaient permis de financer subventions et investissements publics. Mais le manque d’exploration et de nouvelles réserves a progressivement érodé ces gains.

Perspectives et recommandations
La stabilisation de l’inflation dépendra de la maîtrise du déficit budgétaire et de la diversification des revenus d’exportation.
Les réformes structurelles (amélioration du climat d’affaires, renforcement des infrastructures) sont essentielles pour retrouver la croissance.Les réserves internationales sont tombées de près de 15 milliards US$ en 2014 à moins de 1,6 milliard US$ début 2023. Pour financer le modèle redistributif, l’État a consommé ces réserves, poussant la population vers le dollar et provoquant des manifestations. Les experts estiment qu’une résolution durable nécessitera des mesures impopulaires : suppression partielle des subventions, réduction de la taille de l’État et réforme fiscale, mais la polarisation politique rend leur adoption complexe.
Pour les voyageurs, il est conseillé de prévoir un mix de devises et de réserver en avance pour contenir les coûts.
Conséquences du clientélisme
Voici comment le clientélisme s’est spécifiquement incarné en Bolivie ces dernières années :
Programmes sociaux instrumentalisés
Le “Bono Juancito Pinto” (prime scolaire) et la “Renta Dignidad” (pension universelle) ont parfois été distribués via des listes de bénéficiaires favorables au MAS.
Des bons carburant ou denrées alimentaires étaient réservés à des coopératives et associations estampillées « pro-gouvernementales ».
Embauches et nominations partisanes
Les ministères et offices publics ont vu des recrutements massifs : passionnaires du MAS ou proches d’Evo Morales ou de Luis Arce.
À l’échelle municipale, les directeurs de projets d’eau, routes ou logements ont été choisis parmi les militants, garantissant votes et mobilisation.
Contrôle des marchés publics
Appels d’offres souvent attribués à des entreprises liées au parti, sans mise en concurrence réelle.
Mécanismes de pression électorale
Inspections fiscales et audits menés au moment des campagnes, ciblant les entreprises ou ONG classées « opposantes ».
Assemblées de quartier (« comités de vigilance ») où l’on incitait à faire l’« autodiagnostic » de sympathie politique, sous peine de perte de subventions.
Conséquences concrètes
Érosion de la confiance : enquêtes anti-corruption et dénonciations dans la presse ont mis au jour détournements et népotisme.
État de droit fragilisé : les ONG ou collectifs non alignés sur le MAS voyaient leurs démarches entravées.
En résumé, le clientélisme bolivien s’est bâti sur la gestion au pas de charge des aides sociales, des emplois publics et des marchés, systématiquement calibrés pour conforter la base électorale du parti au pouvoir.
Quelques articles de press pour approfondir :
Bolivie : comprendre la crise économique qui frappe le pays (RFI) sur ce lien
Surmonter le défi de l’enclavement : le cas de la Bolivie sur ce lien
Situation Économique et Financière – Bolivie (Direction générale du Trésor, France) sur ce lien
La cryptomonnaie gagne du terrain en Bolivie… (Zonebourse) – reportage avec clichés de distributeurs de crypto et commerces acceptant le Bitcoin sur ce lien
Mots-clés : crise économique Bolivie, inflation Bolivie 2025, dévaluation boliviano, tourisme Bolivie, diversification économique.
Comments